N°124 (janvier 2008)
Regarde
Regarde : le soleil arrive, beau. Prends le bus jusqu’à. Regarde : les mouettes. Prends une rue jusqu’à. Regarde : pas grand monde dans les rues, une femme à une terrasse qui lit un livre d’Hemingway, la moutarde qui coule sur les doigts. Change de place. Regarde : deux femmes à côté, parlent très fort, s’en vont, une femme arrive avec son enfant et pousse, au bout d’un long manche, un chariot en plastique très bas. Fume une cigarette sur le trottoir, une cigarette sur le trottoir. Regarde : une femme arrive et discute avec l’homme qui mange. Tente de prendre des photographies de la ville, visite. Regarde : un magasin de souvenirs. Attends. Regarde : une jeune femme et sa mère se tiennent à côté, la jeune femme à la dérobée de temps à autre, un vieux monsieur vient se mettre juste devant, deux femmes. Marche dans les rues calmes. Regarde : le panorama large, dégagé, les couleurs saturées. Ralentis. Regarde : deux femmes élégantes portent des boîtes de pizza. Fume une cigarette devant une librairie. Regarde : des camions stationnent sur le trottoir pour un tournage de film, deux hommes se tiennent à un feu rouge. Traverse, repasse devant les camions, attends, fume. Regarde : assis sur le trottoir, un jeune garçon efféminé aux cheveux bleus mange une sucette. Rentre dans le bâtiment. Regarde : une femme semble regarder avec appréhension. Attends. Regarde : des gens entrent en faisant un petit signe de tête, une femme blonde avec un grand décolleté, quelques femmes disséminées dans la salle, un transsexuel assis à côté. Rentre. Regarde : une femme habillée en majorette se tient à l’arrêt de bus. Mange en regardant le plan d’une ville. Regarde : une femme téléphone en parlant fort, semble regarder avec appréhension. Passe à côté d’un décolleté dorsal sur talon. Regarde.
N°125 (février 2008)
La fin de toutes descriptions
Regardais les palmiers immenses dans la lumière du soir était toute la félicité, passe à : deux jeunes gens se roulent des pelles ; elle tient un gobelet, lui en baggy : discordance entre gestes faits, vêtements et accessoires qu’ils portent à : homme à bicyclette avance lent, se tient à mon niveau, regarde fixement, devance légèrement, regarde longuement dans son rétroviseur à : femme mince, sarouel, large décolleté de poitrine ferme opulente, boit une décoction verdâtre, lit des pages choisies du Mahatma Gandhi à : homme se met face, me parle, demande l’heure, si je suis d’ici, si j’aime l’herbe ou l’alcool, coupe court à : gardien qui n’en n’a pas vraiment l’air, s’approche du café que j’ai abandonné sur rebord du muret à : jeune homme obèse dans fauteuil roulant, tente de pénétrer dans l’ascenseur, voit que regarde, me regarde violent à : jeune garçon dans un musée, guide audio pleine puissance, cure son nez, qu’une petite fille regarde écœurée à : serveur regarde ostensible le cul de la cliente avant moi ; lui souris de connivence bêtement à : homme fait signe à trois autres, lui répondent par signes sans même s’arrêter à : homme vient me parler, suspecte quelque chose dans les retards du métro à : femme décharnée marche lente à, sur ses fesses, des taches de café ou de graisse à : homme, dans des toilettes, en train de chier manifeste son plaisir bruyamment à : je danse en marchant, m’arrête aux regards d’enfants assis sur un perron à : deux femmes, cinquante ans, parlent fort de Pollock, des musées new-yorkais à : je passe devant une voiture de flics, essaie de ne pas attirer l’attention à : homme en sueur dans bus feuillette une revue d’annonces de cul à : clochard me demande de vendre ma montre à autre puis s’en va à : homme, devant magasin, me fixe ; marche en faisant comme si à : homme se met derrière moi et me souffle fort dans le cou à : homme âgé arrose des plantes en plein soleil à : trois obèses mangent salement des céréales à : regardais les palmiers au loin dans la brume de pollution de la banlieue était toute la félicité.
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N°124 (gennaio 2008)
Guardo
Guardo: arriva il sole, bello. Prendo il bus fino a. Guardo: i gabbiani. Prendo una strada fino a. Guardo: per strada non molta gente, una signora sulla terrazza che si legge un libro di Hemingway, la senape che le cola sulle dita. Cambio posto. Guardo: accanto due signore, parlano fortissimo, se ne vanno, arriva una signora con il bambino e spinge dall’impugnatura di un lungo manico un carrello di plastica molto basso. Fumo una sigaretta sul marciapiede, una sigaretta sul marciapiede. Guardo: arriva una signora e si mette a discutere con il signore che mangia. Cerco di fare fotografie alla città, visito. Guardo: un negozio di souvenir. Aspetto. Guardo: una ragazza sta accanto alla madre, la ragazza ogni tanto di nascosto, un anziano signore viene a piazzarsi proprio davanti, due signore. Cammino per le strade tranquille. Guardo: il vasto panorama, sgombro, i colori saturi. Rallento. Guardo: due signore eleganti portano dei cartoni per la pizza. Fumo una sigaretta davanti ad una libreria. Guardo: alcuni camion stazionano sul marciapiede per le riprese di un film, due signori sono fermi ad un semaforo rosso. Attraverso, ripasso davanti ai camion, aspetto, fumo. Guardo: seduto sul marciapiede, un ragazzo effeminato con i capelli blu si mangia un lecca lecca. Rientro nell’edificio. Guardo: una signora sembra guardare con apprensione. Aspetto. Guardo: entrano alcune persone facendo un piccolo segno con la testa, una bionda con una grande scollatura, alcune signore sparse per la stanza, seduto vicino un transessuale. Rientro. Guardo: alla fermata del bus c’è una signora vestita da majorette. Mangio mentre guardo la cartina di una città. Guardo: una signora telefona parlando ad alta voce, sembra guardare con apprensione. Passo accanto ad una scollatura dorsale sui tacchi. Guardo.
N°125 (febbraio 2008)
La fine di tutte le descrizioni
Guardavo le palme immense nella luce della sera era tutta la felicità, passo a: due ragazzi limonano; lei ha un bicchiere di plastica, lui i pantaloni a vita bassa: discordanza tra gesti compiuti, vestiti e accessori che portano a: signore in bicicletta viene lentamente avanti, si mantiene alla mia altezza, guarda fisso, supera leggermente, guarda a lungo nello specchietto a: signora snella, pantaloni alla turca, ampia scollatura su seni sodi opulenti, si beve un decotto verdastro, legge alcune pagine scelte del Mahatma Gandhi a: signore si mette di fronte, mi parla, domanda l’ora, se sono di qui, se mi piace l’erba o l’alcool, taglia corto a: guardiano che proprio non ne ha l’aria, seguendo la sponda del muricciolo s’avvicina al caffè che io ho abbandonato a: giovane obeso su sedia a rotelle, cerca di entrare dentro l’ascensore, vede che guardo, mi guarda con violenza a: ragazzino in un museo, audioguida al massimo del volume, si pulisce il naso, una ragazzina lo guarda demoralizzata a: cameriere guarda con ostensione il culo della cliente prima di me; le sorrido stupidamente con aria di connivenza a: signore fa cenno ad altri tre, gli rispondono a cenni senza nemmeno fermarsi a: signore viene a parlarmi, sospetta qualcosa sui ritardi della metropolitana a: signora pelle e ossa cammina lentamente a, sulle natiche, macchie di caffé o di unto a: nei bagni, signore mentre caga manifesta in maniera rumorosa il proprio piacere a: mentre cammino ballo, mi fermo agli sguardi di bambini seduti su una gradinata a: due signore, cinquant’anni, parlano ad alta voce di Pollock, dei musei newyorchesi a: passo davanti a una macchina della polizia, cerco di non attirare l’attenzione a: signore che suda sul bus sfoglia una rivista di annunci erotici a: barbone mi chiede di vendere il mio orologio ad un altro poi se ne va a: signore di fronte a negozio, mi fissa; cammina facendo come se a: signore si piazza dietro di me e mi soffia forte sul collo a: signore attempato innaffia alcune piante in pieno sole a: tre obesi mangiano come maiali un po’ di cereali a: guardavo le palme in lontananza in mezzo alla nebbia di smog della periferia era tutta la felicità.
[ Traduzione di Michele Zaffarano ]